07avr. 2010
Realisation d'un clone d'ampli Princeton reverb blackface (1)
10:04 - Par bpier - Amp Princeton blackface clone - 4 commentaires
Premier article d'une longue série destinée à vous faire suivre pas à pas le montage d'un clone d'amplificateur à lampes Princeton reverb blackface de 1964 (photo ci-dessus de l'ampli terminé) depuis la construction du cabinet jusqu'à la réalisation du circuit électronique. Nous verrons dans ce premier post la phase préparatoire : schémas, achats et sélection de composants.
ATTENTION !!! Ce projet n'est absolument pas à la portée des débutants en électronique qui n'ont donc pas à s'y lancer. Car les amplis à lampes renferment des tensions mortelles, même lorsqu'ils sont éteints.
Je dois enfin ajouter que ce projet est totalement indépendant de la compagnie Fender, propriétaire de son nom. De plus, il n'a aucune visée commerciale, en étant strictement réservé à un usage personnel.
Précaution : si vous cliquez sur les photos, revenez au texte en en cliquant sur la croix dans le coin à droite de la photo agrandie.
Et puis la suite de ce premier volet se trouve là dans l'ordre :
Volet 2, le cabinet ; https://www.bruynooghe.fr/post/2010/05/05/R%C3%A9alisation-d-un-clone-d-ampli-Princeton-%282%29
Volet 3, approche électronique : https://www.bruynooghe.fr/post/2010/05/05/R%C3%A9alisation-d-un-clone-d-ampli-Princeton-reverb-blackface-%283%29
Volet 4, les mains dans le châssis : https://www.bruynooghe.fr/post/2010/05/05/R%C3%A9alisation-d-un-clone-d-ampli-Princeton-reverb-blackface
Le son
Pour vous donner une idée du son de ce princeton clone, voici quelques exemples :
Stratocaster directement branchée dans l'ampli lui-même branché sur un atténuateur Plug&Play pour pouvoir légèrement accentuer le headroom. Enregistré le 30 mai 2021.
Le son de l'ampli enregistré sans son HP, en passant par la ligne Line Out d'un atténuateur Plug&Play 50W qui entre dans un Torpedo CABM+ avec juste les IR activés, le tout connectés à une Soundcraft UI24R. Aucun autre effet que le tremolo et la reverb du Princeton. Guitare utilisée : la stratocaster Tokai Springy Sound 1981 - enregistré le 13 juin 2021 :
Sample ancien (2010) joué, avec un buffer booster DIY à l'entrée, sur une strat Tokay Springy Sound 1981 (grille) et le thème sur une Fender strat classis player Mexico aigus coupés, un morceau de Pat Metheny sur son premier album : Bright Size Life
Cette fois, avec vibrato et reverb, volume entre 2 et 3, sur Gimme Shelter, neuf ans après la construction de l'ampli, le 21 juin 2019 :
Schéma et projet
Le Princeton reverb année 1964 est un des amplis les plus recherchés. Il vaut en général très cher, trop cher, quand il est en bon état de conservation. Fender, la compagnie qui l'a conçu et commercialisé, a décidé de le reéditer. Le nouveau modèle repose sur une électronique modernisée, utilisant toutefois et comme à l'époque une lampe rectifieuse, en lieu et place d'un pont de redressement à diodes silicon.
J'ai donc décidé d'en construire un de A à Z, en m'appuyant sur le schéma original et son layout que l'on trouve ici : princeton_rev_gz34_aa1164.pdf
Quand j'étais bloqué, notamment sur le câblage des jacks d'entrée, je me suis inspiré du câblage de mon princeton silverface nonverb de 1969 (photo ci dessous). Il m'a également été utile pour relever les dimensions du cabinet, afin de le reproduire au mieux.
Il me paraissait indispensable, en effet, pour un premier ampli à construire, de pouvoir m'appuyer sur l'observation d'un ampli que j'avais sous la main. J'ai, enfin, apporté quelques modifications, notamment l'intégration d'un pot de bias bien pratique pour la polarisation des deux lampes de puissance de l'ampli, des 6V6GT.
Je me suis fixé comme contrainte de fabriquer le clone le plus proche possible de l'original, tant au niveau du cabinet (bois, dimensions, assemblage...) que de l'électronique. Une chance pour moi : un membre du site projetG5.com, strat777, avait déjà fabriqué un clone de Princeton reverb blackface.
Je me suis grandement inspiré de son expérience. C'est même lui qui m'a vraiment décidé à me lancer dans l'aventure. Ses conseils m'ont été utiles, ceux des autres membres de projetG5 aussi, en particulier bozole et vitriol82. Le site de strat777 est ici : https://strat-7.jimdo.com Strat777 fait du très beau travail. Son post sur le princeton clone sur projetG5 est ici : https://www.projetg5.com/phpbb3/viewtopic.php?p=52820&hilit=strat777#p52820
Enfin, le point le plus important : une fois construit, ce clone de Princeton sonne génialement bien. Il est en effet désormais complètement terminé, réglages inclus.
Les mains dans le châssis
Les Préalables
Mieux vaut posséder les bons outils, avant de se lancer.
L'équipement indispensable se compose d'un fer à souder d'une puissance de 50W, avec si possible température de chauffe réglable. Pour ma part, j'utilise une station de soudage Weller. Autres outils : un multimètre tolérant si possible 700V ou plus en courant alternatif, une pince coupante, une pince à bec long, le tout avec poignée isolante, un jeu de clés plates complet, une pompe à dessouder (toujours utile pour refaire des soudures qui ne vous satisfont pas), un set de tournevis, une perceuse (très important) avec un jeu de forets pour l'acier en vue de percer le châssis, un emporte-pièce (si vous prévoyez de créer vous-même les logements des sockets de lampes), limes à métaux. Une lampe loupe d'électronicien est un plus qu'il ne faut pas négliger, surtout pour le check des soudures.
Une fois la boîte à outils constituée et les pièces toutes rassemblées, c'est le moment de s'y mettre.
=> Conseil : surtout ne jamais se presser ou même s'imposer un timing. C'est le meilleur moyen de se planter. Fabriquer un ampli, ce n'est pas un marathon. Une erreur dans le montage peut être fatale. Gardez cela à l'esprit, tout le temps ! Bref, s'obliger à avancer lentement, en checkant à chaque fois tout ce que l'on vient de faire avec le buzzer de continuité de son multimètre. En comparant au layout, puis au schéma. Pour ma part, je revérifie, en plus, systématiquement les valeurs des résistances que je m'apprête à installer. Idem pour les condensateurs. On ne sait jamais. Même en prenant ces précautions, je me suis quand même trompé de valeur sur un condo. Heureusement, je m'en suis rendu compte avant de brancher le châssis au secteur.
L'ordre des opérations
J'ai commencé par installer les sockets de lampe et les transfos. Je me suis ensuite attaché à monter les composants sur la plaque à oeillets, toujours en jetant un oeil sur le travail de strat777, Jérôme de son prénom.
Pour les soudures sur la plaque, chauffer de préférence le rebord de l'oeillet, plutôt que les pattes des composants. Comme la soudure doit bien se répandre sur l'oeillet, il vaut mieux ne pas faire chauffer abusivement le composant...
Câblages
Cela étant fait, je me suis attaqué au câblage des lampes, des transfos et des fiches jacks, RCA, ainsi que de l'alimentation... C'est sans conteste l'un des points les plus sensibles d'un ampli à lampes.
=> Conseil : il est donc impératif d'utiliser des produits très sérieux : câbles silicone 0,75mm au moins, tolérant 600V ; câbles teflon de même tolérance avec des sections de plus gros diamètre si nécessaire (1mm). Pour les câbles de masse, il est conseillé de prendre un diamètre plus gros encore. Pour ma part, je l'ai appris trop tard. J'ai donc placé du 0,75 mm presque partout.
Retour au montage. Ainsi, après avoir checké au buzzer la totalité des liaisons entre les lampes, les transfos, les fiches et les composants électroniques, j'ai entamé l'autre côté (partie potards), sachant que l'étage préamp (tout à droite de la plaque, près des entrées guitare) doit être connecté en câbles blindés, pour préserver le plus possible le signal des éventuels parasites.
Le blindage répond à une règle bien précise : un seul côté du fil de blindage doit être pluggé à la masse, jamais les deux, sinon gare à la boucle de masse, le cauchemar des électroniciens !
Autre régle à suivre : les câbles acheminant du courant alternatif doivent être torsadés entre eux, afin d'annuler leurs champs magnétiques respectifs, champs magnétiques de nature à générer des bruits parasites. La torsade ne se réduit pas à un fil qui s'enroule autour de l'autre. C'est inefficace. Il faut que les deux fils s'entrecroisent réellement.
En outre, une fois tout le câblage placé, une règle s'impose quand des câbles passent l'un sur l'autre : les croiser perpendiculairement si possible, donc en donnant une forme de croix.
Le câblage de la masse
Ce point mérite un livre. Il en existe d'ailleurs des tonnes sur le sujet. Pour le Princeton, toutefois, ce point est moins sensible. Car ce n'est pas un ampli hi gain.
Les transfos
Le transfo d'alimentation (PT) est un Mercury Magnetics ToneClone :
Mesures à vide (c'est-à-dire les enroulements du secondaire pluggés à rien avec prise murale délivrant du 232V :
Primaire placé sur 230V : HT 759V ; alim 6,3V : 1ere extrêmité-center tap 3,56V ; 2eme extrêmité-center tap 3,61V.
Primaire placé sur 240V : HT 723V
Relevés une fois l'électronique entièrement installée: .
Le bias, mes mesures de chaque 6V6GT, selon réglage actuel : l'une 24mA, l'autre 23mA avec des tubes RCA, depuis remplacés par des JJ 6V6GT (même bias).
4 commentaires
salut pierre
superbe réalisation , félicitations pour un ampli qui est aussi beau qu'il doit bien sonner
vivement le prochain ....
Jérome
Rien à dire ! En test face à un Marshall 100w club country (une référence !) ton ampli tient tête. Grain, présence... il a tout d'un grand. Comme quoi, la passion - un de tes traits de caractère - permet de grandes choses.
Continue !
Francis
Très bien réussis le Princeton Reverb, bravo.
Serait il possible d'obtenir un plan qui révèle les distances des trous sur la face avant ?
Je débute la construction d'une réplique et j'aimerais bien avoir le look original.
Merci, Jean GODBOUT
Merci Jean. Je vais te passer le plan avec les espacements par mail. Laisse moi juste un petit peu de temps pour m'en occuper, d'ici la fin du mois. De mon côté, je suis allé visiter ton site. Beau boulot aussi. Je te retourne le compliment. D'autant que je découvre que tu te lances aussi dans un gros travail de DIY : construire une guitare. Sache qu'avec mon webmestre, nous sommes en train de nous y mettre aussi avec pour objectif de fabriquer ed A à Z une strat, même les micros. Pour le moment, mon pote a déjà mis en place la machine à commandes numériques d'origine chinoise, mais dont l'électronique était totalement buggée : il a donc tout débuggé, réécrit quelques bouts de programme pour que ça cause avec l'ordi, et les posts qu'il a écrits à ce sujet sur son blog civade.com sont particulièrement suivis par la communauté CNC DIY. Aujourd'hui, nous en sommes à concevoir une bobineuse pour micro, commandée par une carte célèbre dans le DIY (une Arduino). Ca démarre. Nous n'aurons pas fini demain. Bon, je n'oublie pas de m'occuper de toi. Pierre